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Les poemes de Follette
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Les poemes de Follette
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3 août 2005

L'amie de la cabane

f_e_dans_cascade

Il y avait une lune pleine, couleur de miel, qui donnait à la nuit une

luminescence bienveillante. Je m’étais éloignée de chez moi, comme chaque soir

en période d’été. Je savais bien qu’il ne fallait pas s’aventurer trop loin, mais je

n’ai jamais su résister à ma curiosité ! J’avais entendu, tout le jour, des bruits

étranges, des craquements, des frottements, de grands coups que l’on frappait

et j’avais senti cette odeur d’arbre sec se répandre tout autour de moi. Je ne

risquais pas grand chose en m’aventurant de nuit, dans cette zone qu’il

était pourtant déconseillé à une petite créature d’approcher.! Mais

tout le monde devait dormir, et d’ailleurs, je n’entendais aucun bruit qui puisse

éveiller en moi la moindre crainte.

Je me suis avancée encore et encore. J’ai atteint l’orée de la foret, là ou les arbres

ont été défrichés et ou les maisons ont poussé comme des champignons en

automne. J’ai fait très attention que personne ne me voit et, promptement, je suis

allée dans la direction d’où venait cette odeur de bois coupé, que j’avais senti

toute la journée. Je ne distinguais rien, une longue haie de cyprès se dressait entre

moi et cette chose que j’allais découvrir. Je m’y suis infiltrée avec précaution, tout

doucement. J’ai fait très attention de ne pas réveiller l’énorme chien qui dormait

dans sa niche. Oui, j’ai pris toutes les précautions qu’il fallait ! Tout était calme

dans le jardin, alors j’ai avancé, encore. Et puis, je l’ai vu, dresser devant moi, si

simple et pourtant si belle ! Elle sentait bon le bois. Elle était plus petite que les

maisons du quartier. Une maison pour nain ou pour elfe peut être ? (Bien que les

elfes n’habitent pas ce genre de maison, je le sais très bien ! C’est juste pour

vous donner un ordre d’idée) Il y avait une petite porte et une petite fenêtre qui

était resté grande ouverte. Alors, puisse qu’elle était ouverte, évidemment, je

suis entrée.

Mais là encore, j’ai fais très attention ! Je ne me suis pas précipiter sans prendre

mes précautions, contrairement à ce que vous pourriez croire ! Je suis entrée et j’ai

vu des petits meubles. Une petite table, une petite chaise, un petit tabouret. Il y

avait des tas d’objets étranges, colorés, poser en vrac dans un coffre à demi ouvert.

Je n’aurai touché à rien si, dans un coin, une forme n’avait attiré mon attention.

Dans la maison, il y avait une autre maison ! Une maison encore plus petite ! Une

adorable petite maison avec un pan de mur qui manquait et dévoilait tout

l’intérieur de celle-ci ! Il y avait un escalier au centre, une belle chambre, un salon,

une salle de bain, une cuisine entièrement meublée avec de tout-petits minuscules

meubles et de tout-petits minuscules objets ! J’avais beau être là, devant cette

maison que je pouvais toucher du bout des ailes, je n’arrivais pas à y croire ! Cette

maison était à ma taille ! Elle était faite pour moi ! Je pouvais m’asseoir sur les

chaises (et d’ailleurs, je ne me suis pas privée de le faire !) Je pouvais prendre un

bain dans la baignoire et je pouvais manger dans la vaisselle miniature ! J’ai

dévalé les escaliers en riant, parce que pour une fée de ma taille, trouver des

escaliers à dévaler, cela n’arrive pas tous les jours ! J’ai visité toutes les pièces,

encore et encore, tant et tant que je n’ai pas vu le temps passer. Lorsque j’ai essayé

le petit lit ou se trouvait une petite couverture, je n’ai même pas réalisé que je

m’endormais. Et j’ai vraiment bien dormi ! Un vrai sommeil de fée, avec des rêves

éblouissants ! Et puis, lorsque j’ai eu fini de dormi, j’ai ouvert les yeux sans plus

trop savoir ou je me trouvais! Mais ce que je sais, c’est que mes yeux se sont

ouverts sur d’autres yeux, énormes et bleus comme un lac ! Des grands yeux fixés

sur moi mais qui n’étaient pas aussi effrayer que les miens ! Moi non plus je

n’aurai pas eu peur si j’avais mesuré la taille de cette chose! J’ai

essayé de m’enfuir, j’ai virevolté dans la petite chambre, je me suis cognée aux

murs et lorsque j’ai enfin réussi à sortir de cette minuscule maison ce fut pour

m’apercevoir que la fenêtre qui était ouverte quelques heures auparavant, était

désormais closes ! J’étais prisonnière de la cabane en bois ! La chose à qui

appartenait les deux énormes yeux bleus me regardait voler sans faire un geste.

Voyant qu’elle ne bougeait pas, je me suis posée quelques part, assez haut pour

qu’elle ne puisse pas m’atteindre. Parce que, même si cette chose était beaucoup

plus grande que moi, elle était néanmoins assez petite par rapport à la maison de

bois ! Nous nous regardions l’une et l’autre avec crainte (du moins en ce qui me

concerne !) et curiosité. Elle ne semblait pas bien méchante cette chose ! Une fois

mes esprits revenus, j’ai compris que je me trouvais en face d’une enfant. Je n’en

avais encore jamais vu ! Dans la profondeur de la foret, les enfants ne

s’aventurent jamais! Mais j’en avais entendu parlé et je savais qu’il fallait s’en méfier !

Pourquoi ? Mais parce que les enfants peuvent nous voir ! Ils ne sont pas comme

leurs parents qui, apercevant quelque chose de léger et de colorer s’élevant dans

les airs, ne voient qu’une libellule ou un papillon ! Non, les enfants, avec leur

pouvoir d’imagination, avec leur envie de croire, eux seuls pouvaient encore nous

voir ! Et cela aurait été agréable, si les enfants n’avaient pas toujours eu envie que

leurs parents nous voient aussi ! Or cela est impossible ! Les adultes ne croient

plus en rien, ils ne peuvent plus nous voir ! Alors lorsqu’une d’entre nous ose se

lier d’amitié avec un enfant, les ennuies commencent ! L’enfant essaie de nous

capturer comme preuve et les parents sont étonner de ne voir qu’un insecte là où

leur enfant voit une fée ! Et comme l’enfant insiste, les parents s’inquiètent ! Ils

l’emmènent voir le grand druide des hommes pour savoir si leur enfant n’est pas

victime d’un sortilège ! Et le grand druide dit toujours que non, que l’enfant est

fatigué, qu’il est dans une période difficile, qu’il se cherche un ami imaginaire.

Bien que les humains adultes n’aient jamais réussi à pouvoir nous voir,

nous les évitons autant que possible, eux et leur progéniture! N’empêche que moi,

ce jour là, j’étais belle et bien prisonnière d’une cabane en bois ou se trouvait une

enfant blonde aux yeux bleus qui commençait à s’approcher! Je me recroquevillais

dans mon coin pourtant inaccessible pour ses petites mains.

- Tu es une poupée vivante ? Me demanda une petite voix aiguë.

Je décidais de ne pas répondre.

- Tu n’as plus de maison, c’est pour ça que tu es venue habiter dans la

mienne ?

silence…

- MAMAAAAAAN ???

- Chuuut ! Non, non ! Je ne suis pas une poupée vivante, et je suis venue là

par erreur !

- Tu es quoi alors, un elfe ? Un génie ?

- Ben voyons ! Tu ne lis jamais de comte de fée ?

- Si, maman m’en lit souvent, le soir, avant que je m’endorme !

- Et bien, regarde, j’ai des petites ailes dans le dos, je ne suis pas plus grosse

qu’un insecte …je suis une fée !

- Ah non ! Tu n’es pas une fée ! Les fées sont des dames rondouillardes, avec

des chapeaux pointus et des baguettes magiques !

- Voyez-vous ça ! J’aimerai bien savoir d’où tu tiens des informations

pareilles !

Aussitôt, la petite se dirigea vers une pile de livre qu’elle fit tomber au sol sans

s’en préoccuper le moins du monde. Elle finit par saisir l’un d’eux, qu’elle

brandit bientôt d’un geste triomphant.

- La ! Viens voir ! il y a un dessin de fée.

- Non, non ! Je ne bouge pas d’ici ! Montre-moi de là où tu te trouves!

La petite ouvrit son livre et du haut de mon perchoir, je vis sur une page, trois

fées de couleur différente qui se lamentaient autour d’une jeune fille endormie

sur un grand lit.

- Ce sont les fées de la Belle au bois dormant, m’expliqua la petite.

- Connaît pas ! Mais je peux t’assurer que les fées ne ressemblent pas à celles là !

- Bien sur que si ! Elles ont des pouvoirs magiques, elles peuvent se

transformer en tout ce qu’elles veulent !

- Des pouvoirs magiques ? Cela m’arrangerait bien si j’en avais !

- Tu n’en as pas ?

- Crois-tu que je serais encore prisonnière de cette maison si j’en avais ?

- Alors c’est que tu n’es pas une fée !

- Si je suis une fée ! Seulement je ne suis pas une fée comme dans ton livre !

Je ne suis pas un décor moi ! Je suis bien réelle !

- Je ne vois pas pourquoi mon livre se tromperait ! Il a été écrit par un

adulte et maman dit que les adultes savent tout !

- Je ne sais pas ce que savent les adultes mais ce que je sais, c’est qu’ils  ne

peuvent pas voir les fées !

Cette révélation eut l’air de perturber un peu la petite qui, sans doute, au fond

d’elle-même, avait déjà compris qu’il existe deux mondes bien distincts : celui

des enfants et celui des adultes !

Sans compter le monde des fées bien entendu..

Elle ne me semblait pas bien dangereuse cette petite fille, alors j’ai décidé de

retourner m’installer dans cette minuscule maison qui me plaisait tant. Elle m’a

regardé virevolter dans sa cabane et venir me poser doucement sur le petit

canapé. Elle a approché une chaise à sa taille et elle s’est assit face à moi. Elle

ouvrait de grands yeux qui semblaient attendre des réponses à des questions

qu’elle n’osait pas encore poser. Alors je lui ai expliqué ce que les adultes

n’expliquent pas. Pourquoi un jour, ils finissent par ne plus croire en rien !

Pourquoi leurs imaginaires se ferment à la magie ! Pourquoi aucun n’est plus

réceptif aux chants des oiseaux, au bruit du vent dans les feuilles des arbres,

aux étoiles qui scintillent, à la lune qui veille sur leurs nuits. Pourquoi ils

oublient si facilement qu’ils ont été des enfants remplis de rêves et d’espoir,

ouverts aux croyances et débordants d’imagination. Les adultes entrent dans un

monde ou le sérieux prend la place sur tout le reste. Ils font rimer maturité avec

austérité. Sans aucune raison ! Simplement pour faire comme tout le monde !

Parce que cela fait sérieux de ne plus croire en rien, même pas aux fées qu’ils

ont pu apercevoir un jour de chance. Les adultes pensent que la vie n’est pas un

jeu ! Mais ils se trompent ! La vie est un jeu ou ils seront tous perdants ! Dès le

jour de leur naissance, leur sort est sceller ! Pourtant les adultes essaient de le

changer, ils se veulent maîtres de leur existence. Mais le but de leur existence,

c’est de partir un jour! Et cela, aucun d’entre eux ne peut le changer! Alors

pourquoi éprouvent-ils le besoin de faire de leur vie une longue période

d’angoisse, de peur et de doute? Pourquoi ne préfèrent-ils pas rire et aimer?

S’amuser et s’évader? Apprécier les petits bonheurs tout simple qui les

entourent, en arrêtant de tout vouloir changer! Regarde ce qu’ils ont fait du

monde ! Regarde ce que sont devenus nos forets ! Ils les ont abîmés, détruites,

pour finir par en replanter d’autre une fois le carnage commis ! Parce qu’ils ont

besoin des arbres et de tout ce qui fait qu’une foret est une foret!

Chaque adulte garde en lui quelques vagues souvenirs d’une vie d’enfant

heureuse, avec toute sa magie. Mais quand ils cherchent à recréer ce monde, ce

n’est jamais pour eux même ! Ils construisent des cabanes en bois pour leurs

enfants. Pourquoi ne pas les construire en briques, comme ils le font pour leur

maison? Pourquoi ce besoin de bois? Ils ne le savent plus! Pourquoi s’entourer

de fleurs et d’arbustes dans leurs jardins et jusque sur leurs balcons? Parce que

les humains viennent de la foret! Parce que c’est vers elle qu’ils leurs faudra se

tourner. La foret détient la sagesse des hommes! Elle a le pouvoir de leur rendre

la vie plus belle. La foret calme et apaise. Elle leur donne le mystère qui

manque à leur vie. Mais les hommes ne savent plus..

La petite écoutait attentivement. Sans doute ne comprenait-elle pas très bien

tout ce que je racontais mais au final, quelle importance ? Dans quelques

années, elle aussi aurait oublié...

Mais les fées dans tout ça? Me questionnaient ses grands yeux couleur de

lac. J’aurai pu lui expliquer que les adultes n’ont pas besoin de croire en

quelque chose pour avoir envie que leurs enfants y croient. Prenons

l’exemple type, celui du père-noël! Voilà bien un personnage en lequel ils

ont tous crus avant d’apprendre que ce n’était qu’une histoire! Et pourtant que

font-ils dès qu’ils ont des enfants? Ils leurs racontent des balivernes au sujet du

vieux barbu! Ils ont même créé tout un faux univers et une représentation du

personnage qu’on retrouve sous toutes les formes possibles au moment des

fêtes de fin d’année. Tout cela pour donner l’illusion du vrai à ce qui n’est que

mensonge!

Pour les fées, c’est un peu différent ! Parce que les fées existent, parce qu’ils

restent une trace de nous quelque part dans leur mémoire, les adultes nous

dessinent, ils écrivent sur nous tout un tas d’histoire, ils créent des bijoux à

notre effigie. Nos représentations sont multiples! Et pourtant, les hommes ne

croient pas en nous! Pourquoi ? Ils croient bien en Dieu et aux anges sans

les avoirs jamais vus! Alors pourquoi ne pas croire aux fées?

La petite ne disait toujours rien. Je me suis levée et je me suis approché plus

près.

- Toi aussi tu m’oublieras! C’est comme ça, tu n’y peux rien!

- Mais si tu restais ici pour toujours, peut être que je ne t’oublierai pas et

que je pourrais continuer à te voir même lorsque je serai devenue une grande

personne?

- Je ne peux pas rester ici ! Ce n’est pas ma place! Je dois repartir dans la foret

ou les autres fées m’attendent. Et de toute façon cela ne changera rien, je te l’ai

dis. Tu m’oublieras.

- Mais je te donnerai cette belle maison, et je ne parlerai de toi à personne!

- Je ne suis pas un animal qu’on peut enfermer dans une cage !

- Tu es comme la petite hirondelle blessée que maman a soigné l’année

dernière ? J’aurai tant aimé la garder pour toujours, mais maman a dit que si

je la mettais dans une cage, elle mourait. Alors je l’ai laissé partir.

- Oui c’est ça, je suis comme l’hirondelle ! Mais moi, je ne t’oublierai pas. Tu

resteras dans mon cœur toute ma vie et tu sais, une vie de fée c’est très, très

long !

C’est ainsi que j’ai pu partir après d’interminables au revoir et la promesse de

revenir, dans la cabane en bois. Et c’est ce que j’ai fais, souvent, jusqu'à ce que

la petite grandisse et oublie…

Mais juste avant cela, un soir ou je rodais près du quartier des humains, j’ai vu

une forme étrange dans un arbre, très, très haut perché. Alors, parce que je suis

curieuse comme une fée, je n’ai pas pu m’empêcher d’aller voir ce que c’était.

J’ai virevolté jusqu'à la cime, je me suis faufiler sous les feuillages. La chose

était vraiment bien cachée ! Et lorsque je me suis trouvée tout près, mon cœur

c’est serrer ! Accrochée solidement aux branches de l’arbre, la petite maison de

poupée et tous ses petits meubles n’attendaient que moi ! J’étais si heureuse que

j’aie dévalé l’escalier et explorer toutes les pièces que je connaissais pourtant

par cœur ! Et là, dans le salon, sur un petit morceau de papier coller au mur, il y

avait quelque chose d’écrit pour moi.

"  Pour ne jamais oublier. Ton amie de la cabane "

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